La
petite bourse aux pièces d’or
par
Ion Creanga
Il
était une fois un vieux et une vieille. La vieille avait une poule
qui pondait deux fois par jour et ainsi elle avait de quoi manger,
mais le vieux n’avait qu’un coq.
Un jour, le vieux eut envie de
manger un œuf et en demanda un à sa femme, mais la vieille, qui
était méchante, lui dit de battre son coq pour avoir des œufs,
comme elle l’avait fait avec sa poule, et voilà pourquoi elle en
avait tellement. Le vieux gourmand suivit les conseils de sa femme,
battit le coq et le chassa.
Le coq s’en alla et trouva en chemin
une bourse qui contenait deux pièces d’or. Il prit donc la bourse
dans son bec et voulut retourner à la maison du vieux, mais un
carrosse passa par là avec un boyard qui aperçut la bourse et
ordonna au cocher de la prendre.
Voyant pareille injustice, le coq se
mit à suivre le carrosse tout en chantant : Cocorico, grands
boyards / rendez-moi la petite bourse à pièces d’or !
Le
boyard se mit en colère et ordonna au cocher de jeter le coq dans
une fontaine, mais celui-ci se mit à boire toute l’eau de la
fontaine et s’envola à la suite du carrosse chantant
toujours : Cocorico, grands
boyards / rendez-moi la petite bourse à pièces d’or !
Alors
le boyard eut l’idée de jeter le coq dans le feu, mais l’oiseau,
malin, cracha l’eau de la fontaine et éteignit les flammes. Le coq
fut ensuite jeté au milieu du troupeau des vaches, qu’il avala
jusqu’à la dernière. Au comble du désespoir, le boyard le fit
jeter alors dans le trésor, mais le coq s’en sortit, avala toutes
les pièces d’or du boyard et revint chanter sous la fenêtre de
celui-ci : Cocorico, grands boyards / rendez-moi la petite
bourse à pièces d’or ! Alors, le boyard se déclara vaincu
et rendit la bourse au coq. Le coq prit la bourse en son bec et
partit en triomphe vers la maison de son maître. Une fois arrivé à
la maison, le coq demanda à son maître d’étendre par terre une
couverture sur laquelle il cracha tout ce qu’il avait avalé :
bœufs, vaches, volaille et pièces d’or.
Voyant cela, la vieille,
pleine d’envie, commença à battre sa poule et la tua à coups de
bâton.
Et
c’est ainsi que le coq gagna la place d’honneur dans la maison du
vieux.
Traduit
en Français par prof. Ioana Osian
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