Wednesday, June 18, 2014

L’histoire d’un paresseux (The Story of a Lazy Man - French version)


L’histoire d’un paresseux











Il était une fois, dit-on, dans un village, un homme qui était très paresseux, tellement paresseux qu’il ne pouvait même pas mâcher la nourriture qu’il mettait dans sa bouche. Et, voyant que cet homme refusait obstinément de faire aucun travail, les villageois décidèrent de le faire pendre pour servir d’exemple aux autres ayant enclin au même vice. Soit dit, soit fait : l’assemblée choisit donc deux hommes qui se rendirent à la maison du paresseux pour le mener de force, dans un charriot tiré par des bœufs, au lieu du supplice, car c’est ainsi que l’on procédait à ce temps-là.
Les villageois rencontrèrent en chemin une grande dame qui voyageait dans son carrosse. Voyant dans le charriot un homme qui paraissait être malade, la dame, prise de pitié, demanda aux hommes :
  • Bonnes gens ! Vous avez là un homme qui doit être très malade, dans le charriot, et dans votre bonté, vous devez le conduire auprès de quelque guérisseuse pour le traiter ?
  • Mais non, madame, répondit l’un des paysans, que Votre Honneur nous pardonne, ce n’est pas un malade que nous portons là, mais un grand paresseux qui n’a pas son pareil dans le monde et qu’on a décidé de faire pendre pour donner exemple au village.
  • Hélas, bonnes gens, dit la dame, prise par un tremblement de pitié. C’est grand dommage qu’il meure, le pauvre, comme un chien ! Il vaut mieux le porter sur mon domaine, sur la colline que voici. J’ai là-bas un grenier plein de pain sec, en vue de la famine, que Dieu nous en préserve ! Il pourra y vivre et manger à sa volonté, car je n’en deviendrai pas plus pauvre ! Nous sommes des chrétiens, en fin de compte, et nous devons nous aider les uns les autres.
  • Entends-tu, paresseux, ce que la dame dit, qu’elle te mettrait au chaud, dans un grenier plein de pain sec ? dit l’un des paysans. En voilà une chance pour toi, que le diable t’emporte ! Descends vite du charriot et remercie la dame à genoux, car c’est elle qui t’a épargné la mort et t’a pris sous sa protection ! Et nous qui voulions te donner la corde et le savon ! Dans sa miséricorde, elle te donne un lit et de quoi manger, c’est la grosse fortune pour toi ! Ce doit être un grand miracle qu’il y ait quelqu’un pour te prendre en charge ! Mais on ne doit pas se plaindre de sa chance. Il y a toujours les bœufs qui labourent, et les chevaux qui mangent. Mais réponds donc à la dame, c’est oui ou non, parce qu’elle n’a pas de temps à perdre avec cette histoire-là !
  • A-t-on mouillé ce pain-là ? dit alors le paresseux à mi-voix, sans même bouger de sa place.
  • Qu’est-ce qu’il a dit, celui- là ? demanda la dame aux villageois.
  • Une bêtise, ma bonne dame, répondit l’un d’entre eux. Il demande si on lui a mouillé le pain.
  • Aie, aie, dit la dame, très étonnée, je n’ai jamais de ma vie entendu une chose pareille ! Il ne peut même pas mouiller son pain tout seul, celui-là ?
  • Entends-tu, paresseux, tu t’engages à manger tout seul, oui ou non ?
  • Non, répondit le paresseux, allez tout droit au gibet ! il ne faut pas se préoccuper autant pour cette vilaine bouche !
Alors l’un des paysans dit à la dame :
  • Voyez donc, bonne dame, vous voulez jeter des perles aux pourceaux dans votre miséricorde. Vous voyez bien qu’on ne voulait pas le faire pendre pour rien ! Pensez-vous donc : tout un village ne l’aurait-il donc pas aidé à se débarrasser de son vice, pour en faire un homme ? Mais a-t-on trouvé qui aider ? Elle est grande dame, la paresse, n’en parlons plus !
Alors la dame, tout bienveillante qu’elle l’était au début, en eut assez, et dit :
  • Bonnes gens, si les choses en sont ainsi, faites donc comme vous voulez, selon la volonté du bon Dieu !
Ceci étant dit, les villageois emmenèrent le paresseux au gibet et le firent pendre.
Et c’est ainsi qu’ils se sont débarrassés l’un des autres, et le paresseux des villageois, et le village de lui !
Qu’il arrive un autre paresseux dans ce village-là, si cette histoire ne lui a pas servi d’exemple !
Quant à moi, je suis monté à cheval pour vous la raconter comme ça !
Traduit en Français par prof. Ioana Osian
Illustrations par les eleves de classe 2 de Scoala Gimnaziala de Ieud, Maramures, coordine par Inv. Maricuta Pasca and Prof.inv.primar Chindris Vasile


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